La chasse sous-marine en Provence : les techniques de chasse - l'indienne

Les différentes techniques de chasse sous-marine - La chasse à l'indienne


L'indienne


L'indienne est une technique qui consiste à approcher et à surprendre le poisson. Cette méthode reste la plus naturelle et convient donc à la majorité d'entre nous. Souvent décriée par les chasseurs confirmés, elle n'en reste pas moins une technique fructueuse pour qui la maitrîse suffisamment.

Les espèces visées seront pour la majorité, tous les types de poissons hormis les dentis, barracudas et autres poissons pélagiques qui ne s'approchent habituellement qu'à l'agachon.

Tout d'abord, il faut savoir que celle-ci repose, pour 90%, sur la discrétion du pêcheur. Les 10% restants feront la décision quant à votre placement par rapport au poisson afin de réussir un tir parfait. Tout le monde s'est déjà fait surprendre, de par son manque de discrétion, par un gros sar ou une belle daurade en train de manger un coquillage ou de fouisser le sol en quête de nourriture. A cet instant, vous vous êtes dit : "si j'avais fait moins de bruit, j'aurais peut-être pu l'approcher".

Il faut bien comprendre que pour approcher un poisson, il faut se rendre "invisible" et ne surtout pas trahir sa présence par ses mouvements. Vous devez surprendre le poisson afin d'avoir, un court instant, l'avantage sur la rencontre avec celui-ci. Cette chasse met à rude épreuve notre concentration et nos réflexes, car dans de nombreuses situations, vous devrez prendre une décision irréversible en une fraction de seconde.

Cette technique repose sur une discrétion sans faille et une analyse précise et rapide de son environnement :

Il vous faudra avancer très lentement et votre progression devra être régulièrement ponctuée d'arrêts, afin d'analyser votre environnement et y déceler la présence éventuelle d'un poisson. Suivant l'environnement dans lequel vous pêchez, il vous faudra rester le plus possible collé à la paroi pour longer la roche ou encore naviguer près des rochers remontant le plus près de la surface. Il faut essayer de se fondre au maximum dans le décor afin de ne pas révéler sa présence, synonyme de fuite pour le poisson.

Cette technique est très complète car elle peut, au gré des situations, s'adapter à l'instant et aux conditions météo :

La chasse à l'indienne au fond : elle nécessite une interruption de son action pour approcher le poisson par une apnée. Elle consiste à finir l'action de pêche à l'indienne par un agachon dynamique au cas où l'opportunité venait à se présenter. Par exemple, vous apercevez un poisson trop lointain pour tenter un tir et l'approche n'est pas possible car vous vous decouvririez trop tôt, ce qui entrainerait la fuite immédiate de celui-ci. Vous devrez alors utiliser la topologie du fond pour l'approcher, lentement et silencieusement, et ainsi décocher le tir.

La chasse à l'indienne en remontant : elle s'apparente à celle au fond à la différence près que l'on utilise un tombant rocheux pour exécuter cette technique. Cette technique est particulièrement adaptée aux côtes rocheuses abruptes, quand la mer "frappe" contre celles-ci. Ainsi, les falaises, tombants et tout autre terrain accidenté qui se traduit par une cassure, une chute brutale de la roche plongeant dans la mer, sont à privilégier. On se ventile pour descendre alors sous la surface, à une bonne distance de la paroi rocheuse que nous allons remonter. On avance lentement en freinant encore un peu plus lors de la remontée. Il n'est pas rare de surprendre de beaux spécimens venus s'alimenter dans les remous au bord de la falaise, bien trop occupés pour entendre notre arrivée couverte par le tracas des vagues.

Matériel utilisé

L'arbalète utilisée pourra varier du simple tube de 50 cm au 100 cm en fonction des conditions. Le meilleur compromis pour ce type de pêche se situe entre 75 et 90 cm. Ainsi on privilègiera le 50 / 75 si l'eau est trouble afin de favoriser les tirs rapides "à la volée", ou encore on préfèrera le 90 / 100 si l'eau est très claire et la visibilité >= 7-8 mètres.

Concernant le diamètre de la flèche, cela dépend des préférences, de la taille de l'arbalète et de la taille du poisson visé. Une flèche de 6 mm sera plus véloce et aura donc un meilleur rendement sur des arbalètes courtes de type 50 / 75 cm, la flèche de 6,5 mm sera plus adaptée sur des arbalètes de 90 / 100 cm. L'ardillon sera long voire double. L'utilisation d'une pointe détachable peut être justifiée sur des poissons de belle taille.

Par exemple, on ne mettra pas une flèche de 6mm sur un tube de 100 cm équipé de sandows megatone car ceci aurait pour effet un tir ultra rapide mais beaucoup trop imprécis, la flèche déviant de sa trajectoire initiale. En règle générale, on tendra donc vers une configuration équilibrée qui a pour but de concilier rapidité et précision du tir.

J'insiste sur ce point car un poisson mal fléché est synonyme de poisson perdu car il se décrochera inexorablement. Le tir, suivant les conditions, ne pouvant pas toujours être parfait, autant réduire significativement les problèmes liés au matériel afin de maximiser les chances d'attraper un poisson.

Pour le choix de la combinaison ( noire, camouflée ou de couleur ), les avis divergent sur ce sujet et restent donc à discrétion du plongeur. Pour ma part, je pense que la combinaison doit s'inspirer au maximum à notre environnement de pêche direct afin de s'y fondre harmonieusement. La combinaison camouflée ( divers motifs / couleurs ) me semble la mieux adaptée à ce type de pêche.

Pour ce qui est du lestage, cela dépend réellement de la profondeur opérationnelle. En effet, si le lestage est généralement de 1 kilo de plomb par tranche de 10 kg de votre poids, celui-ci doit être plus ou moins conséquent si vous chassez en eaux peu profondes.

Par exemple, si vous chassez entre 0 et 10 m, vous pouvez vous "plomber" +/- 2-3 kilos supplémentaires. Au contraire, si vous chassez au-delà de 10 m, il vaut mieux retirer 1 à 3 kilos. Sachant qu'il faut trouver un juste compromis entre la flottabilité positive et négative ( naturelle passé 10 m ), voici un petit tableau pour vous aider :


Ex : Valeurs pour un individu de 80 kg, donc base de 8 kg de plombs
Profondeur de chasse 0 - 10 mètres 10 - 20 mètres 20 - 30 mètres > 30 mètres
Lestage total ( + / - ) +3 kg ( + / - ) -1 kg ( + / - ) -2 kg ( + / - ) -3 kg

Enfin, si vous chassez dans peu d'eau, il peut être très utile de disposer de plombs de cheville ( 500 g en général ) afin de vaincre la flottabilité du pantalon. Cela vous assure également une réduction significative des mouvements de vos jambes occasionnés par le courant et la houle, donc une discrétion accrue. L'utilisation d'un baudrier, notamment à profondeur raisonnable, peut être également un bon choix.

Appréciation personnelle

L'indienne reste à mon sens, la technique la plus facile et en même temps la plus complexe car il sera toujours possible de l'améliorer en anticipant le comportement du poisson. Personne, à ma connaissance, n'est capable d'avoir des résultats garantis à 100% avec cette technique tant la situation peut varier d'un moment à l'autre.

C'est une "traque" du poisson et un objectif suprême; approcher le poisson le plus près possible sans que celui-ci vous ai repéré. Discrétion, positionnement et analyse des situations vous permettront de devenir toujours plus compétent dans sa pratique.

Pour ma part, j'utilise un baudrier, ce qui permet de mieux répartir le poids et ainsi éviter une surcharge au niveau du bas des reins. L'optimisation de la répartition du poids permet ainsi d'être mieux stabilisé dans l'eau, ce qui assure une discrétion accrue. Je trouve cet accessoire indispensable, notamment pour la chasse à l'indienne.


Illustration de la technique